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Un clic, déclic pour l'Afrique

Des vérités historiques, sociales, économiques pour l'Afrique Noire Francophone. Des interrogations sur le passé, le présent et l'avenir de l'Afrique, colonisation, esclavagisme. Des observations, des analyses, le rôle des européens, les repentances, la victimisation.

LE NOIR N'EST PAS RACISTE, C'EST LE BLANC QUI L'EST

Publié le 20 Novembre 2015 par Lu Nienne Diallo

Je discutais avec un ami Burkinabè de ce que j'ai vécu parmi vous. Car oui, je suis une femme, blanche, mariée à un burkinabè, j'ai tout ce qu'il faut pour avoir la nationalité burkinabè, mais vraiment, j'hésite.

Durant ma vie conjugale, j'ai vécu un cauchemar, les amis noirs de mon mari lui donnaient raison, même s'ils savaient quels buts réels il poursuivait. Mes amis blancs lui donnaient raison, car pour eux aussi, le noir est toujours victime.

En fait, en France, le pourcentage de racistes se tient autour de 50/50/ Les racistes sont dangereux, mais les non-racistes encore plus. Car ne vous y trompez pas, l'inculture y est également généralisée. Généralisé aussi le besoin de repentance. Car vous savez, plaindre les autres, ça donne bonne conscience, et ça vous pose en personne bonne. « Oh les pauvres, avec ce qu'on leur a fait ».

Ce qu'on leur a fait ?

1- Non, pas de razzias pour venir attraper des noirs, les marchands d'esclaves attendaient les bateaux sur la plage avec leur cargaison toute prête ;

2- Non, leurs ancêtres n'étaient pas esclaves, les descendants d'esclaves sont aux Antilles et aux USA, les descendants de marchands noirs d'esclaves sont toujours en Afrique.

3- la colonisation, ça fait discussion, parce que l'africain tient à ce qui fait aujourd'hui le fondement de lui-même, mais quand on regarde vraiment les bilans, le positif l'emporte sur le négatif.

Mais qui donc a mis tout cela dans la tête des noirs ?

Mais les blancs, Mesdames, Messieurs. Les blancs, ceux qui vous ont défendu, qui parlaient de liberté quand vous ne la conceviez même pas, et qui ont pensé que TOUT LE MONDE avait droit à la liberté. Donc, outre militer pour vous libérer, de l'esclavage, de la colonisation, ils ont culpabilisé ceux qui, selon eux, vous avaient ôté la liberté.

Inculture encore, aux XVIIème, XVIIIème siècle, la liberté était un concept inconnu aussi bien chez les blancs que chez les noirs. Elle avait eu de belles heures, durant l'antiquité grecque et romaine, qui, par ailleurs, se définissait comme hommes libres et esclaves. Je dis bien hommes, la femme étant entre les deux. Les invasions barbares ont enfoui la culture antique sous les monceaux de cadavres entassés sur leurs passages.

Quant à l'Afrique noire, elle n'a pas eu d'antiquité, ou du moins, ne peut savoir ce qu'elle a eu, puisque dépourvue de l'écriture. Le concept de liberté n'est pas naturel, dans la vie, on est toujours dépendant et/ou soumis à un plus fort. Le plus fort n'est pas libre non plus, il est simplement le plus fort du moment.

Ce sont donc nos philosophes des lumières qui ont exhumé des tombeaux grecs la notion de liberté et vous en ont attribué le droit, vous l'ont enseignée. C'est là le paradoxe, car c'est le colon lui-même qui vous a enseigné votre droit à ce truc qui s'appelle liberté et dont vous n'avez pas encore vraiment le mode d'emploi.

Et nos humanistes blancs, emportés par leur élan et leur culture parcellaire, se sont convaincus et vous ont convaincus qu'il vous avait été volé quelque chose... que vous ne connaissiez pas.

Le résultat de tout ça ? C'est que moi, mariée à un burkinabè pour l'aider, quand j'ai commencé à dire du bout des lèvres que c'était un martyre, j'ai été honnie par mes propres amis, car le noir ayant été tellement opprimé, sont-ils convaincus, qu'il avait tous les droits et que la blanche mariée qui s'en plaignait passait alors pour une sale raciste.

Bien, j'ai réussi à m'en sortir, j'ai pardonné, et je suis venue vers vous. J'ai d'abord trouvé vraiment des hommes de bien, qui m'ont accueillie, réconfortée, en privé.

De discussions en échanges, il m'a été demandé de faire des articles de ce que je sais pour « conscientiser la jeunesse ».
Je l'ai fait, j'y ai mis tout mon cœur, et beaucoup d'entre vous m'en sont reconnaissants. Beaucoup vraiment, dont certains se veulent mes fils, mes neveux... Des enseignants m'ont garanti que le savoir que j'ai apporté serait retransmis et diffusé.

Même si la tâche pour une blanche de diffuser la culture à 17 millions d'individus est titanesque, rien n'est perdu, le flambeau sera repris, et la culture VRAIE sera répandue.

Mes articles m'ont attiré de nouveaux « friends », qui, prenant le train en marche, n'ont pas pris la peine d'aller lire mes articles déjà écrits et ont rué dans les brancards (comme l'ont fait mes premiers lecteurs). Cela, je le comprends, et j'étais prête à reprendre les innombrables échanges qui m'avaient valu avec tant d'autres d'être comprise et non pas considérée comme une colon paternaliste ou une blanche se déculpabilisant de la décolonisation.

Mais un élément nouveau est apparu, un burkinabè, « leader d'opinion » qui m'avait confié en privé son soutien au coup d'état et que j'avais repoussé avec horreur.

Les plus fortes personnalités parmi ces nouvelles relations étaient du cercle de relation de cet homme charmant, et ce qui n'est jamais arrivé auparavant est arrivé: discussions refusées, bloquées, déviées puisque un nouveau préjugé est entré dans la course.

Je me suis souvent offusquée de ce que ceux qui m'avaient missionnée pour aller ainsi au casse-pipe ne viennent jamais me soutenir publiquement sur les lieux des massacres. Non, toujours en privé. Des soutiens, vous savez, j'en ai et j'en ai. En privé.

Et comme j'évoquais cela hier soir avec cet ami, il me lance comme une évidence « voyons, c'est impossible, c'est comme si tu ME demandais d'aller te défendre contre eux ».

Ah ça, oui, j'avais bien remarqué que, quoique entièrement d'accord avec moi, il n'intervenait jamais quand j'étais agressée. Si encore il ne m'en attribuait pas la faute. Pas assez africaine, trop directe, etc... Pourtant, les témoignages qu'on me fait en privé admirent, apprécient ce ton direct. -en privé toujours-

Alors que moi, je ne laisserais jamais quiconque agresser un ami, noir ou blanc, je serais au cœur du débat, et même j'écarterais un ami raciste car je déteste cela. Mon ami aussi déteste le racisme, ouvertement, et fait des publications sur ce fait. Je ne sais pas pourquoi, d'ailleurs, puisque les noirs ne sont pas racistes.

Nous, supposés racistes blancs, ne faisons pas de différence entre noirs et blancs. Je parle bien sûr de la moitié dont je fais partie.

Et la clé est venue de sa propre réflexion. Il insiste.

Les noirs ne sont pas racistes, puisque ce sont les blancs qui le sont.

Aller défendre et soutenir en public une blanche, c'est, vis à vis de ses compatriotes, soutenir une raciste contre des noirs non racistes.

Bon, vous êtes tous intelligents, je vous livre cette réflexion, déduisez-en ce que vous voulez.

Moi, blanche, j'ai compris que je n'ai pas ma place, malgré mes innombrables soutiens -privés- dans votre société noire non raciste.

*********

Je reporte un commentaire qui m'a été fait :

"Non, non, vous avez votre place dans notre société. Le racisme n'est pas propre à la race blanche. Ici au Burkina, il y a aussi du racisme qui s'exprime par l'ethnophobie. Dans presque tous les pays noirs d'Afrique, il ya ce phénomène.
Le combat que vous menez, est celui du changement de mentalité. Il faut déconstruir les prejugés, les schémas pre-acquis sur l'autre. C'est un noble combat mais très dur. La difficulté de ce combat au Burkina tient au caractère hypocrite du Burkinabè. La preuve est que l'on vous témoigne de la sympathie en privé mais refuse de le faire en public."..

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